« Tu es bien trop jeune, pense à ton avenir. » « Il faut que tu sache que tu auras le temps de construire ta propre famille quand dans quelques années ta situation sera stable et qu'un homme sera dans ta vie. » « Je suis trop jeune pour assumer, l'avortement est la meilleure des solutions. » Ces phrases n'arrêtaient pas de tourner dans l'esprit de Grace depuis qu'elle avait appris sa grossesse et qu'elle en avait fait l'annonce, tout le monde lui conseillait la facilité et de garder sa liberté. Mais avait-elle au moins le courage de faire mourir un petit être qui n'avait rien demandé, qui avait été conçu un soir de fête où ses parents avaient un peu trop bu ? Certainement pas, c'était le plus dur. Ses parents lui avaient bien fait comprendre que malgré l'amour qu'ils avaient pour elle, ils ne pouvaient pas la voir saboter son avenir pour un enfant à son âge, alors qu'elle aurait bien le temps d'en avoir plus tard. C'était quelque chose de dur à vivre, surtout que le père n'était pas auprès d'elle et avait pris la fuite sans demander son reste. Maxim était jeune, elle pouvait très bien le comprendre, mais au fond elle avait espéré que comme dans les contes de fées, ils auraient été à deux contre le monde entier. Mais au bout du compte, il ne restait qu'elle, la douce Grace face au plus grand choix de son existence. Devenir mère ou écouter ce qu'on lui disait et choisir la facilité. Toutefois elle se demandait si les gens avaient conscience des répercussions qu'un avortement pouvait avoir sur une personne qui ne le voulait pas réellement. Elle avait fait quelques recherches afin de prendre la meilleure décision et en voyant les cas de dépression après ce genre d'intervention lui avait vraiment fait peur. Certaines femmes faisaient même tout leur possible pour retomber enceinte la plus rapidement possible afin de meubler ce manque causé par l'avortement. Il était clair qu'elle voulait faire la fierté de ses parents, elle était leur unique enfant et ils ne s'attendaient certainement pas à ça d'elle. Mais que faire quand on rencontre un garçon qui nous semble tellement différent des autres, qui prend notre défense ? Il l'avait tout bonnement ébloui, du haut de ses seize ans cela avait été suffisant pour qu'elle partage une nuit en sa compagnie. Bien entendu, ça n'avait pas été qu'un coup comme ça, tout du moins pour elle, puisque ça avait duré jusqu'à l'annonce de sa grossesse. Depuis plus de nouvelles, le néant. Seule, elle l'était pas réellement, mais personne n'était de son côté, c'était plus qu'une évidence. S'avançant doucement, Grace souleva doucement son tee-shirt et se mit de profil devant son miroir, admirant le léger renflement qui prenait place sur son ventre. Il y avait une vie en elle, une petite personne qui dépendait d'elle pour venir au monde dans les meilleures conditions possibles. Mais serait-elle une mère à la hauteur ? Là, c'était une question à laquelle elle ne pouvait pas répondre. Poussant un soupir, elle jeta un œil par la fenêtre de sa chambre et un petit sourire vint sur ses lèvres. Maîtresse de son corps, elle seule pouvait faire un choix et il était clair qu'elle ne serait pas assez forte pour supporter de mettre un terme à cette situation, alors elle allait assumer. Jeune, elle l'était, mais elle avait certainement plus de maturité que beaucoup de personnes et c'était déjà un bon point de départ. Restait plus que maintenant à l'annoncer à ses parents, qui c'était plus que certains, n'allaient pas très bien le prendre.

La douleur n'était plus qu'un souvenir maintenant pour Grace, rien d'autre n'importait que le bébé qui était dans ses bras, endormi. Il était tellement beau qu'elle n'en revenait toujours pas qu'il s'agissait de son fils, du petit être qui avait tranquillement grandi en elle pendant pratiquement neuf mois. L'accouchement n'avait pas été une partie de plaisir et elle avait regretté très souvent d'avoir eu envie de le garder, mais tout c'était complètement envoler quand la sage-femme l'avait déposé dans ses bras. Lui, petit bonhomme qui allait illuminer sa vie pour le restant de ses jours. Elle n'avait pas voulu savoir avant la naissance le sexe de l'enfant, la surprise en serait encore plus belle. Pourtant quand on lui avait annoncé qu'elle avait un fils, quand son regard c'était poser sur lui pour la première fois, elle avait tout de suite pensé à Maxim. Il avait les cheveux aussi blonds que possibles ce qui avait fait sourire l'une des infirmières, mais un pincement avait douloureusement serré son cœur. Puis les trois femmes qui l'avaient accompagné pendant la longue période de la naissance lui avaient donné du temps pour qu'elle face connaissance avec lui, qu'elle choisisse enfin son prénom. Grace avait bien entendu chercher pendant la période de sa grossesse, mais quand le moment était venu de le dire, impossible de le sortir. Elle avait cette drôle d'impression qu'il ne lui allait pas, que ce n'était pas celui-là qui allait lui convenir. Donc c'est avec un petit sourire contrit qu'elle avait avoué qu'elle n'avait pas encore réellement réfléchi, mais personne ne lui avait fait de remarque. Il fallait bien avouer qu'elle avait cette peur irrépréhensible que celle qui l'aiderait dans ce moment ne lui fasse des remarques, mais ça n'avait pas été le cas. Chacune avait su garder sa place. Alors maintenant il ne lui restait plus qu'à choisir l'identité de ce petit garçon, parce qu'il était clair que maintenant il était inconcevable à ses yeux de simplement l'appeler Thomas. C'était un fort joli prénom, mais pas assez pour lui. Soupirant, elle caressa doucement son front à la peau si lisse qu'elle ressentit un frisson lui parcourir le corps. Elle l'aimait déjà, plus que tout et ferait n'importe quoi pour faire en sorte qu'il soit totalement heureux même si elle était toute seule pour lui construire son avenir et qu'elle n'avait que dix-sept ans. Au bout d'un petit moment, son sourire s'agrandit et elle su qu'elle avait enfin trouvé son bonheur. Sa mère lui avait toujours dit que si elle avait eu un second enfant et plus particulièrement un fils, elle lui aurait donné ce prénom. Alors pour lui rendre hommage, c'était tout trouver. « Bienvenue au monde, Maximilian Andrew Mikkelsen. »

La clameur était tel dans le château que la fée sentait ses ailes papillonner d'elle-même pour célébrer cette naissance tant attendue dans le royaume, après tous une venue au monde était toujours quelque chose d'exceptionnelle. Les parents, le Roi et la Reine, avaient demandé que toutes les fées du royaume viennent afin de bénir l'enfant et ainsi devenir l'une de ses marraines. Cela avait été un bonheur pour elle d'apprendre cette nouvelle et c'est avec entrain qu'elle avait rejoint le château en compagnie de ses amies pour ce grand moment. Il y avait beaucoup de monde, mais la chose qui attira tout de suite son regard fut le berceau au milieu de la pièce, auprès de la jeune mère qui regardait avec amour le petit être qui se trouvait à l'intérieur. Tout en avançant pour offrir sa protection, elle imagina le visage de l'enfant, sa beauté aussi très certainement. Il y avait eu beaucoup de bruit dans le pays, tout le monde savait que c'était une petite princesse et qu'elle avait été prénommée Aurore, mais rien d'autre n'avait filtré. Donc elle attendait avec une impatience non feinte d'arriver et c'est après quelques minutes que son regard se posa sur la petite chose tranquillement endormie. « Mon Dieu, quel petit ange que c'est enfant. Vous avez beaucoup de chance, mes majestés. » Sa voix fluette avait résonné dans la salle, un grand sourire sur les lèvres. Elle réfléchit un instant, le bout de sa baguette contre la lèvre inférieure, il fallait trouver le meilleur pour le futur de cette future reine. « Hum, je te donne la chance d'avoir l'esprit qu'il faut pour régner sur un royaume, de prendre toujours les bonnes décisions pour le bien de tous. » Un petit mouvement de la main et elle s'éloigna pour laisser sa place à la fée suivante. Un bruit résonna dans l'appartement et Grace se redressa avec sursaut dans son lit, regardant autour d'elle pour savoir où elle pouvait bien être. Secouant la tête, elle passa une main sur son front avant de se laisser retomber sur ses oreillers, elle avait vraiment besoin de sommeil... Rêver qu'elle était une fée marraine et quoi encore, son prince charmant était un crapaud. La porte s'ouvrit et un petit corps vint ce coller au sien, il allait falloir qu'elle arrête les dessins-animés avant de se coucher, c'était plus que certain.